Partout sur Terre, depuis des millénaires, les abeilles font la pluie et le beau temps en pollinisant les végétaux et en produisant du miel. Ainsi, chaque civilisation a son histoire associée à la production de ce doux produit sucré. Celles des Amériques ne font pas exception à la règle.
Faisons, ensemble, un voyage dans l’histoire de l’introduction du miel en Amérique du Nord.
Les abeilles, présentes depuis des millénaires sur le continent
La présence des abeilles sur le continent nord-américain remonterait à 14 millions d’années[1]. Ce chiffre s’appuie sur la découverte d’un fossile trouvé dans l’état du Nevada, aux États-Unis, datant de cette époque. Ainsi, il est possible d’affirmer que les Premières Nations ont toujours été en contact avec des abeilles. Par contre, leurs abeilles indigènes ne produisaient pas nécessairement du miel et servaient à la pollinisation de végétaux spécifiques[2].
Ainsi, jusqu’à l’arrivée des premiers Européens sur le continent, on retrouvait des abeilles sans dard. N’étant pas résistantes aux maladies, elles ont disparu lorsque les colonisateurs ont introduit leurs propres abeilles[3].
Les voyages qui ont tout changé (ou presque)
Eh oui, les abeilles qui butinent aujourd’hui les quatre coins des Amériques sont en fait des abeilles d’origine européenne qui ont été importées par les premiers colons.
Par exemple, lors de son deuxième voyage en Amérique en 1493, Christophe Colomb transporte avec lui du bétail, des chevaux et des semences. Ces espèces sont, pour la plupart, celles qui sont le plus répandues aujourd’hui dans les Amériques. Bien sûr, ce transport a aussi contribué à l’intégration d’espèces « clandestines » comme des insectes, des moustiques et des maladies. C’est ce que des chercheurs appellent la théorie de la « création » d’un nouveau monde dans les Amériques, qui étaient, alors, habitées par des peuples, des végétaux et des animaux indigènes[4].
Parmi les espèces transportées volontairement d’une rive à l’autre de l’Atlantique, il y avait des abeilles. Dans les différentes colonies, l’introduction des abeilles européennes s’est faite dès le début du XVIIe siècle. C’est ce qui explique pourquoi les abeilles domestiques présentes de nos jours sur le continent nord-américain sont d’origine européenne.
Du côté de l’Amérique du Sud, l’abeille Melipona est une variété très représentée dans l’écosystème.
Les abeilles, pierre angulaire du développement végétal du continent
Rapidement après leur introduction, les abeilles européennes se sont imposées et ont supplanté les abeilles indigènes. Une raison qui explique ce grand remplacement est que les abeilles originaires d’Europe ont comme caractéristique de polliniser toutes les fleurs. De leur côté, les abeilles indigènes étaient beaucoup plus sélectives. Les « nouvelles » abeilles ont ainsi permis l’implantation des nouvelles cultures partout sur le continent[5].
Aujourd’hui, on recense environ 800 espèces d’abeilles au Canada seulement. La plupart font partie de la famille de l’abeille domestique occidentale, l’Apis mellifera[6]. Cette abeille, originaire d’Europe, d’Asie Mineure et d’Afrique[7] sert pour la production de miel et de produits de la ruche.
L’avenir des abeilles en Amérique
Depuis leur introduction sur le continent, les abeilles domestiques ont permis le développement de l’agriculture et de l’apiculture. Aujourd’hui, la récolte du miel et d’autres produits de la ruche constituent une importante activité agricole partout au pays.
À cet égard, de plus en plus d’initiatives sont mises de l’avant pour sauvegarder les populations d’abeilles et favoriser la pollinisation, comme la conservation des pissenlits sur les terrains en début de saison estivale. Par contre, il y a tout de même du travail à faire pour protéger les espèces d’abeilles présentes sur le territoire. En effet, plusieurs menaces, comme l’introduction volontaire ou non des abeilles africanisées, pourraient mettre en péril l’écosystème du continent[8].
C’est peu dire : les abeilles ont beaucoup voyagé au cours des derniers siècles et sont maintenant un rouage essentiel de notre biodiversité. Prenons-en soin!
[1] https://ucanr.edu/blogs/blogcore/postdetail.cfm?postnum=1544&postnum=1544
[2] https://lastrealindians.com/news/2022/5/2/how-native-americans-are-keeping-the-bees-alive
[3] https://bees.techno-science.ca/francais/les-abeilles/la-ruche-et-la-colonie/default.php
[4] https://laforetacoeur.ca/blog/1493-colomb-ecosystemique-biodiversite/
[5] Ibid.
[6] https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/abeille
[7] https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/apiculture
[8] https://aeic-iaac.gc.ca/052/document-html-fra.cfm?did=2665&nav=4&SubPage=d